Page:Bainville - Bismarck.djvu/172

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encore à défendre et à glorifier ce principe. Mais que tout un peuple ait adopté cette idée de suicide et de ruine, c’est ce que l’on comprendrait peut-être mal sans l’opiniâtreté que mit Napoléon III à la défendre durant la mauvaise fortune avant de l’appliquer, une fois monté au pouvoir, et sans le soin qu’il prit, dès sa jeunesse, de marquer les points de contact et de ressemblance qu’il y avait entre sa doctrine et la doctrine démocratique et révolutionnaire.

M. André Lebey insiste avec raison sur la « préparation » des coups d’État de Louis-Napoléon. Il analyse la propagande à laquelle le prétendant lui-même, de sa propre plume, se livra de tout temps en faveur de ses idées. Il montre enfin le secours qu’apportèrent à cette propagande pendant la monarchie de juillet la littérature et les arts, et comment Louis-Napoléon sut employer ces puissants auxliaires.

Préparer l’esprit public à ses coups d’État, faire la philosophie de l’Empire, ce fut là besogne la plus, importante que le prétendant crût devoir accomplir en attendant de faire l’Empire lui-même. Acquitté après l’échauffourée de Strasbourg, il recommence par ses écrits et ses manifestes à « préparer » l’affaire de Boulogne. Emprisonné après cette affaire, il n’en continue pas moins d’écrire des brochures et des livres qui feront connaître ses idées. C’est lui qui baptisait son temps de prison « mes années de l’Université de Ham ». Conquérir le pouvoir étant le but de sa vie, il ne faisait pas de différence entre