Page:Bainville - Bismarck.djvu/181

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tendu nationalisme. La haine des traités de 1815 était son alpha et son oméga. Que devint-elle lorsque le prince-président, en prenant le pouvoir, annula le principal article de ces traités, où avait signé l’Europe entière, et qui proclamait pour Napoléon et ses descendants l’exclusion éternelle du trône de France ? Et que demeura-t-il de cette opposition le jour où Napoléon III lui-même déclara que les traités de 1815 n’existaient plus ? C’est ainsi qu’Émile de Girardin fut amené à servir l’Empire. C’est ainsi que les Havin et les Guéroult qui soutenaient la cause de l’unité italienne, durent s’incliner devant Napoléon, qui était un partisan bien plus sérieux qu’eux-mêmes de l’Italie une, puisqu’il faisait la guerre pour la réaliser. Ainsi, pour la politique intérieure, l’Empire se reposait sur la confiance de ces éléments de droite qui sont contents au prix de l’ordre matériel. Par sa politique extérieure, il comblait les vœux des éléments de gauche. Il eût pu se maintenir longtemps par ce jeu de bascule, si le propre des idées de gauche n’était justement d’entraîner à leur perte les gouvernements qui s’y abandonnent. C’est l’idée révolutionnaire du droit des peuples, c’est le principe des nationalités qui ont tué l’Empire et ont, avec lui, entraîné la France dans son désastre. Or, il ne faut jamais oublier que Napoléon III fut approuvé dans son œuvre européenne, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle toucha à l’absurde, par la presque totalité de l’opinion démocratique.

M. Émile Ollivier resta le témoin de cet accord des