Page:Bainville - Bismarck.djvu/190

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mettre, en travers de la volonté de toute une nation est au-dessus des forces de sa politique.(Thiers : Elle n’est pas au-dessus de l’armée française. — Mouvement.)

Quant à Jules Favre, il n’était pas moins net. Il déclarait le 4 juillet 1868 :

S’opposer aux desseins et aux destinées de l’Allemagne, ce serait une folie coupable, ce serait mettre contre nous toute la race germanique ; nous ne pouvons songer, à une pareille politique. J’ai protesté énergiquement contre les procédés de M. de Bismarck, mais ce qu’il y a de certain, c’est que l’œuvre se constitue et se consolide (Émile Ollivier : C’est cela !) et qu’y toucher serait une ingérence tant qu’elle n’est pas menaçante pour notre nationalité et notre honneur. Au lieu de semer des divisions en Allemagne, nous devons partout y prêcher la pacification, non seulement en ce qui touche la Confédération du Nord, mais en ce qui touche la Confédération du Sud, car nous n’avons aucun intérêt à ce que les rivalités se continuent entre les deux parties de l’Allemagne En conséquence, s’insurger contre les faits accomplis, y rencontrer des souvenirs de ressentiment, des prétextes de défiance et de haine, c’est une erreur capitale qui fait peser sur la nation un malaise funeste qu’il faut, à tout prix dissiper. (Très bien, à gauche.)

Telles étaient les « profondes observations », comme les appelle M. Émile, Ollivier, de Jules Favre et de Guéroult. Ainsi, à l’exception de Thiers, chez qui l’intelligence politique et le sens positif triomphaient des principes libéraux, toute la gauche continuait à plaider pour l’unité allemande comme elle avait plaidé pour l’unité italienne. Non seulement elle ne reprochait pas au gouvernement impérial sa criminelle neutralité dans la guerre de 1866, mais elle pesait sur Napoléon, elle en appelait à sa