Page:Bainville - Bismarck.djvu/213

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à ses débuts, était conservateur en France et libéral à l’étranger, abandonnait sa politique révolutionnaire au dehors au moment où il faisait dans le pays des concessions aux éléments libéraux. Il renversait la bascule et tâchait de satisfaire l’opinion de gauche par des réformes, tandis que par sa nouvelle politique étrangère il contentait l’opinion de droite. Que devenir entre les engagements pris, les attitudes adoptées, les habitudes acquises et les nécessités nouvelles qui s’imposaient tout à coup ? Le désordre qui régnait dans l’esprit et dans les conseils du souverain se traduisit par des incohérences, des fausses manœuvres, des maladresses. L’affolement augmentait de se sentir observé par un ennemi patient et de sang-froid. C’est alors que les dernières fautes furent commises.

On a voulu faire croire qu’au prix de Rome nous aurions trouvé les alliances qui nous ont manqué. Cette thèse a pour elle le prince Napoléon qui est suspect, Beust qui savait mentir, et Rothan qui a pu se tromper[1]. Elle a été reprise au moment des déclarations de M. Ollivier par un professeur de la Sorbonne, M. Émile Bourgeois, l’auteur d’un célèbre Manuel historique de politique étrangère où tous nos apprentis diplomates et élèves-consuls préparaient leurs examens. M. Émile Bourgeois a donné au journal le Temps, sur les alliances de 1870, une longue consultation complétée peu

  1. Et n’est-ce pas Rothan qui a écrit : « Le prince Napoléon ne méconnaissait pas la grande pensée qui avait présidé à son mariage ; c’était pour la cause italienne un auxiliaire convaincu et souvent passionné. »