Page:Bainville - Bismarck.djvu/215

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crime fut de s’arrêter dans la voie où il avait persisté, même une fois Sadowa accompli, et, après avoir bien mérité de la Révolution en prenant les armes en 1859 contre l’Autriche réactionnaire, en la laissant écraser en 1866 avec les antiques monarchies de l’Allemagne du Sud, de s’être conduit en hypocrite, en apostat et en traître du jour où il songea à la France et à l’intérêt français.

Loin de blâmer la participation de Napoléon III à l’unité italienne, les représentants des idées révolutionnaires l’accusent de ne pas avoir achevé son œuvre en abandonnant « Rome aux Romains ». L’erreur, l’erreur fondamentale, l’erreur sans nom fut pourtant de constituer un royaume uni, un ennemi possible, un rival certain, à l’endroit où le morcellement des territoires assurait à la fois notre influence et notre tranquillité. La campagne de 1859 ne fut même pas une de ces opérations inutiles et brillantes que l’on nommait autrefois guerres de magnificence. Ce fut une opération faite par nous contre nous-mêmes, un gaspillage de vies et de forces d’autant plus criminel que le sang français dépensé à Magenta et à Solférino ne servit qu’à préparer de plus grands deuils, et de plus grandes tueries. Toutes les catastrophes futures se préparèrent sur ces champs de bataille où nos troupes versèrent le meilleur sang français pour les rêveries carbonaristes et les hallucinations du testament de Sainte-Hélène. Trente-cinq années d’entraînement, d’armement et de bonne administration sous les deux monarchies avaient donné à la France une armée