Page:Bainville - Bismarck.djvu/216

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magnifique. Tout cela fut employé contre la patrie. Tout cela se trouva gaspillé au profit de l’étranger lorsque vint l’heure où tant de ressources auraient dû servir. Dans cette malheureuse guerre d’Italie, nos soldats furent vainqueurs contre les intérêts de la France elle-même.

Deux hommes, en Europe, avaient prédit ce que l’Italie coûterait à la France. L’un était le vieux prince de Metternich, qui assistait avec tristesse au naufrage de son grand œuvre, l’ordre européen. « Napoléon III réussit, », disait donc Metternich en 1858. « Il a encore de belles cartes dans son jeu. Mais il périra comme empereur révolutionnaire sur l’écueil italien. » Cependant Bismarck, voyant avec plaisir l’Empire commettre des fautes qui devaient profiter à la Prusse, disait en parodiant le mot de Voltaire : « Si l’Italie n’existait pas, il faudrait l’inventer. »

La question des alliances de 1870 ne se fût même pas posée si la France eût toujours et avec esprit de suite protégé le Saint-Siège, c’est-à-dire fait respecter le statut territorial de l’Italie et conservé, comme le conseillait Proudhon, au lieu de l’attaquer, l’ordre de choses si prudent, si tutélaire, créé en Italie par les traités de 1815. Les idées révolutionnaires et napoléoniennes portèrent le premier coup dans ce bel édifice. L’évidence de l’intérêt français, apparue à de rares grands esprits, ne se révéla que