Page:Bainville - Bismarck.djvu/222

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terait sans coup férir la revanche de la guerre de Crimée. En effet, elle devait, au cours de nos défaites, dénoncer le traité de Paris. C’est pourquoi le tsar Alexandre et Gortschakoff avaient été tout à fait favorables à la Prusse dans les mois qui précédèrent la guerre. Ils étaient décidés, au cas ou l’Autriche interviendrait à intervenir eux-mêmes. L’intimidation russe, d’autant plus puissante que les liens entre Pétersbourg et Vienne étaient plus étroits, ne fut pas non plus sans peser sur la détermination de François-Joseph et de M. de Beust. Nous expiions ainsi une des erreurs de Napoléon III, une des fautes originelles de ce règne, d’un bout à l’autre absurde et funeste.

En même temps que ces témoignages français, arrivait au public celui d’un survivant des temps héroïques de l’indépendance italienne. Le général Türr, qui fut si souvent l’intermédiaire entre Victor-Emmanuel et Napoléon III, a rétracté, dans la Tribuna de Rome, l’opinion qu’il avait émise, il y a une trentaine d’années, sur la cause de l’isolement de la France en 1870. Alors, il soutenait que Rome donnait l’explication de notre abandon et de notre défaite. Depuis, le général Türr paraît s’être rendu compte que c’était là non pas une thèse d’homme d’État ou d’historien, mais une thèse de polémiste. L’agence Havas résumait en ces termes les déclarations du général Türr :

Aujourd’hui, le général Türr dit que les intrigues de la Prusse et de l’Angleterre rendirent impossible l’alliance