Page:Bainville - Bismarck.djvu/244

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trouve que la République est une si bonne chose, que ne la prend-il pour son pays ? »

Il semble qu’il soit difficile de conserver désormais le moindre doute sur ce sujet. La clairvoyance de Bismarck étant admise, son génie reconnu, sa haine et sa crainte de la France peu niables, tous ses actes, tous ses écrits, toutes ses paroles, touchant le régime de notre pays, doivent au moins éveiller l’attention des patriotes. Il est difficile d’être plus conséquent avec soi-même que ne le fut Bismarck sur ce point. Le témoignage de Mgr Vallet s’ajoute à toutes les preuves que nous en possédions déjà.

Bismarck fit, d’ailleurs, d’autres déclarations, qui ont leur intérêt, durant cet entretien avec l’éminent ecclésiastique. Il lui parla surtout, comme nous venons de le dire, de faire sa paix avec les catholiques allemands. Il lui déclara avec une franchise vraiment admirable et digne d’un grand politique : « J’ai dit et on l’a beaucoup répété : Je n’irai pas à Canossa. Eh bien ! j’irai à Canossa, car je veux un Concordat. » Cela est d’un fort et qui ne craint pas de se démentir lorsqu’il y a un grand intérêt en jeu.

Dans les paroles que Mgr Vallet a si heureusement transcrites, non seulement pour Rome, mais aussi pour le public qui sait lire, Bismarck montre bien qu’il a appris par l’expérience du gouvernement et des hommes qu’un pouvoir sérieux et national, un pouvoir monarchique doit toujours — quels que soient ses convictions, ses préjugés, ses tendances, ses origines même — finir par s’accorder avec le catholicisme, qui est le plus grand élément de