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conservation et d’ordre des sociétés. Bismarck, luthérien, faisait profession de haïr l’Église. Mais il avouait qu’un homme d’État intelligent doit toujours s’entendre avec Rome. Il disait à Mgr Vallet :

Je suis toujours prêt à traiter le Pape comme un souverain. Le Pape est un souverain. Il faut le traiter comme un monarque. J’accréditerai un ministre auprès de lui. Et le Pape accréditera quelqu’un auprès de mon maître.

Et il ajouta ces mots qui prennent aujourd’hui toutes les apparences d’une leçon : « Il faut d’abord un Concordat. » Et, ajoute Mgr Vallet, « le prince savait à peu près par cœur le texte de tous les Concordats. Il se mit à les réciter. » Et cette récitation dura bien vingt minutes.

Citons encore de cette conversation historique deux phrases qui ne dépareraient pas Machiavel et qui caractérisent la politique et l’esprit de Bismarck. Il se plaignait que le cardinal Nina lui eût demandé de retirer les loi de mai, les plus persécutrices de tout le Kulturkampf.

Nina, dit-il, n’est pas sérieux. Est-ce qu’on demande à un homme d’État de rapporter des lois qu’il a demandées au Parlement de son pays ? C’est la désuétude qui fait tomber les lois. Si moi, Bismarck, je dis qu’elles ne seront pas appliquées, est-ce que cela ne suffit pas ? Elles ne seront plus appliquées.

Et ceci, sur l’usage qu’il convient de faire des constitutions et le respect qu’il faut leur accorder :