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comme en politique. Le déclin remonte plus haut : il commence à l’année 1813, aux guerres d’indépendance, au réveil du nationalisme dont les guerres de la Révolution et la domination napoléonienne furent la cause dans les pays d’outre-Rhin. Ici encore nous allons saisir le dommage qu’ont causé à la France les idées révolutionnaires et la conception romantique.

On sait que l’Académie de Berlin, en l’année 1783, mit au concours les questions suivantes proposées par Mérian, un Bâlois d’ailleurs, et lui-même de langue allemande : « Qu’est-ce qui a rendu la langue française universelle en Europe ? Est-il à présumer que la langue française conservera cette prérogative ? » On sait aussi que Rivarol, ayant répondu à ces questions, vit couronner son discours, resté célèbre. Ce qu’on ne savait pas, ce que M. Maurice Pellisson nous a appris par un article du Mercure de France, c’est que le discours de Rivarol partagea le prix avec une dissertation écrite en allemand par un Wurtembergeois. Or ce lauréat, nommé Schwab, n’avait pas soutenu autre chose que la thèse même de Rivarol, et il avait abondé comme lui dans le sens qui répondait aux vœux de l’Académie de Berlin. L’universalité de la langue française est due à ses hautes qualités, à ses caractères de politesse et de civilisation, et tout fait croire, tout engage à souhaiter qu’elle conserve, pour le bien de la culture, des prérogatives méritées. Le français, disait Schwab, est et doit être le langage des hommes civilisés.