Page:Bainville - Bismarck.djvu/29

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Nationalisme, monarchisme, antisémitisme, telles étaient les causes pour lesquelles Bismarck avait tenté ses premières passes d’armes. Il faut avouer qu’il était apparu un peu comme un excentrique et un impulsif, et qu’il avait mis à défendre ses idées plus de sentimentalité que de politique. Le groupe des ultras le reconnut aussitôt pour son chef, et ce fut sans doute un peu pour cette raison. Cependant son caractère avait été apprécié en dehors du petit monde des hobereaux. « Je me suis fait beaucoup d’amis et beaucoup d’ennemis, écrivait-il à sa fiancée le 9 juin 1847, ceux-ci surtout dans la Diète et les premiers au dehors. Des gens qui ne me connaissaient pas, d’autres que je ne connaissais pas, m’accablent de prévenances, et je reçois surtout de bienveillantes poignées de mains inconnues. » D’ailleurs, il se rendait parfaitement compte que lui et ses amis avaient été battus à la Diète, battus à plates coutures. Il savait que ses idées étaient impopulaires, que son parti était une très petite minorité. Mais de pareilles considérations n’étaient point faites pour amener un homme de sa trempe à l’opinion contraire. Au surplus, la Diète dissoute, Bismarck se désintéressa quelque temps des affaires. Il venait d’épouser Mlle  de Puttkamer. Et il acheva dans un voyage de noces sentimental l’année qu’il avait ouverte par des manifestations de loyalisme chevaleresque. C’est ainsi que le chancelier de fer lui-même eut ses faiblesse et ses attendrissements.

À peine était-il revenu d’Italie et avait-il repris