Page:Bainville - Bismarck.djvu/56

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carrière heureuse et courue avec la conscience du but à atteindre et des moyens à employer. Le prince de Hohenlohe, du commencement à la fin de sa vie politique, rendit d’importants services à la Prusse. Ce fut un des plus actifs, un des plus habiles, un des moins scrupuleux ouvriers du nouvel ordre de choses allemand. Mais nous savons aujourd’hui que la sincérité n’y était pas. Le prince prêtait à la Prusse et à l’Empire son activité et ses talents. Il avait reconnu de bonne heure que c’était le plus utile emploi qu’il en pût faire. Cependant il réservait quelque chose de lui-même, il ne consentait pas à se donner tout entier. Ses Mémoires prouvent qu’il faisait nettement le départ entre ses fonctions et sa personne, qu’il conservait son quant à soi. Associé à une œuvre commune, à de ces grandes affaires d’État qui arrachent l’homme a lui-même, et par leur intérêt supérieur absorbent l’individu, on le voit pourtant juger toutes choses d’un point de vue strictement Hohenlohe. Également détesté de tous les partis, il n’en était pas auquel il fût attaché par une sympathie véritable. Haut fonctionnaire de Bavière et de Prusse, il n’était pas de là plus que d’ailleurs. Il eût trouvé très naturel et très bon qu’on érigeât pour lui et les siens le gouvernement d’Alsace-Lorraine en charge héréditaire, ou tout autre gouvernement à défaut de celui-là. En somme, le prince de Hohenlohe cherchait ses commodités dans l’Allemagne nouvelle et unifiée et ne trouvait jamais qu’il fût avantagé selon ses ambitions et selon ses mérites. Il demandait à l’Empire de le