Page:Bainville - Bismarck.djvu/70

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Comme si là fortune eût voulu donner un dernier et inutile avertissement à la France, et lui indiquer la politique qui aurait pu et qui aurait dû être faite, les élections bavaroises amenèrent au Landtag, à la fin de l’année 1869, une majorité catholique et particulariste. L’idée allemande, forte dans les villes et parmi les classes moyennes, était identifiée par la masse de la population au plus haïssable des régimes : le caporalisme prussien. La caserne, la bureaucratie et le protestantisme, cette Trinité symbolisait l’unité aux yeux des vieux Bavarois. Il aurait fallu se servir de cette répulsion populaire, combinée avec l’inquiétude des petites cours, pour maintenir l’Allemagne dans sa division et arrêter les plans déjà trop avancés de Bismarck. À ce moment encore, Napoléon III ne tenta rien que de maladroites invites diplomatiques. Le marquis de Cadore, notre représentant à Munich, fit des ouvertures à Hohenlohe lui-même. Il prenait bien son temps ! Il est vrai qu’engagé par le système et désarmé par les erreurs du règne, le gouvernement de Napoléon III ne pouvait plus rien faire que de commettre les fautes extrêmes.

Un vote de la nouvelle assemblée, bavaroise, blâmant la politique du prince de Hohenlohe et exprimant la défiance du pays à son égard, l’obligea de se retirer au commencement de l’année 1870. C’était fini de sa carrière bavaroise. Mais son œuvre était accomplie, Il avait resserré les liens politiques et diplomatiques entre les États du Sud et la Confédération du Nord ; il avait mis l’armée