Page:Bainville - Bismarck.djvu/85

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avait refusé d’écouter les catholiques allemands, fit du centre un parti d’opposition à l’Empire. En outre, par position géographique autant que par tradition historique, les députés catholiques se trouvèrent être les adversaires de l’unité : les Bavarois particularistes formaient le gros du parti ultramontain avec les Polonais rebelles à la germanisation. Les Danois, les Hanovriens, restés fidèles à la dynastie guelfe, étaient encore autant d’ennemis irréductibles. Et Bismarck venait d’ajouter une Pologne de l’Ouest à la Pologne de l’Est par l’annexion de l’Alsace-Lorraine, dont les députés, d’abord farouchement protestataires, ne tardèrent pas à prêter leur appui à l’opposition du centre. Bismarck répondit par la guerre religieuse : proscription des jésuites et des congrégations, lois de mai, Kulturkampf. Lutte pleine d’embûches et de périls : au plus fort, la défection des conservateurs protestants, qui ne pardonnaient pas à Bismarck de se compromettre avec le parti de la Révolution et les libéraux, mit le chancelier dans une position critique. C’est alors qu’il montra toute sa décision et toute son énergie, et que, pour le salut de son œuvre allemande, il cessa même d’être Prussien. Car la Prusse, c’est encore du particularisme. Si, à la Diète prussienne, les conservateurs s’allient aux Polonais, aux ultramontains et aux ennemis de l’Empire, le hobereau poméranien se retournera contre sa caste, au besoin contre son pays d’origine, et combattra ce qu’il appelle à présent des préjugés de province. À la fin de 1872, il abandonne le ministère prussien, y installe Roon à