Page:Bainville - Bismarck.djvu/92

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se formait en Europe, qui trouvait accès partout et jusqu’auprès de l’empereur d’Allemagne. Bismarck courut au plus pressé, qui était d’obtenir le rappel de Gontaut-Biron, dont l’action et l’influence prouvaient déjà à elles seules et par leurs promptes conséquences à quel point eût été dommageable à la politique bismarckienne la monarchie légitime et catholique restaurée en France[1].

Le mot d’ordre du prince de Hohenlohe fut dès lors de demander au duc Decazes, sans répit et comme une sorte de delenda Carthago, le déplacement de M. de Gontaut-Biron. Il faut rendre cette justice aux parlementaires conservateurs de ce temps-là qu’il refusèrent constamment de satisfaire aux exigences de Bismarck. Le duc Decazes connaissait les services que M. de Gontaut-Biron nous rendait à Berlin et il savait sans doute aussi que la faveur de Guillaume Ier balançait utilement la disgrâce auprès de son ministre. Sur les refus modérés mais fermes de Decazes, Bismarck chargea Hohenlohe de redoubler d’insistance. Il se plaignait en ces termes de l’ambassadeur « ultramontain et légitimiste » qui représentait la France :

Gontaut s’est créé une situation à la cour qui le rend impropre à continuer les affaires diplomatiques. Il se peut

  1. Il est curieux de constater que le prince de Hohenlohe ne parle pas des observations, si semblables à un ultimatum, qu’il porta le 5 mai 1875 au duc Decazes au sujet des « armements » de la France. Il est vrai qu’il ne joua pas dans cette circonstance le beau rôle. Le duc de Broglie note que Hohenlohe montra un « certain» embarras  » durant son entretien avec le duc Decazes. (La Mission de M. de Gotaut-Biron, p. 224.)