Page:Bainville - Bismarck.djvu/93

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que cela ait été possible au temps de Catherine II, mais de notre temps je ne puis supporter cela, pas plus qu’un ministre anglais ne souffrirait une intimité hostile au ministère entre la reine et des diplomates étrangers.

L’allusion aux femmes est transparente. Bismarck avait toujours détesté l’impératrice et sa belle-fille, qu’il appelait « la jument anglaise », d’après un mot de son répertoire de gentilhomme fermier. Une autre fois il répétera à Hohenlohe : « Gontaut s’est mis bien avec l’impératrice. C’est pourquoi il n’est plus digne de confiance. » Et une autre fois encore, en mars 1877, le prince de Hohenlohe fera ce récit, qui donna la mesure de l’influence exercée par Gontaut :

Allé chez Bismarck, où j’ai appris toutes sortes de choses inattendues. La raison pour laquelle on ne veut pas que je peigne les choses sous un jour trop pacifique, est que l’empereur, sous l’influence de l’impératrice et de Gontaut, se refuse à renforcer l’armée sur la frontière française, en sorte que nous devenions égaux aux Français. Il y a tant de cavalerie et d’artillerie à la frontière que Metz est menacé. Les Français pourraient envahir à tout instant et nous mettre dans la situation la plus fâcheuse. Mais il n’y a pas moyen de déterminer l’empereur à envoyer des régiments de cavalerie à la frontière, simplement par crainte d’effrayer les Français. L’influence de l’impératrice augmente toujours, et Gontaut est derrière elle.

Quelques mois après, le prince de Hohenlohe était venu à Gastein consulter le chancelier, celui-ci se plaignit plus fort que jamais de Gontaut-Biron :