Page:Baker - Insoumission à l'école obligatoire, 2006.djvu/173

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« — Premièrement, je demande que soit considérée sérieusement la réalité chiffrée de cette affaire : nous sommes dix-sept élèves mis en cause, et nous serions le double si plusieurs d’entre nous n’avaient pris le parti de partir il y a huit jours ; mais nous sommes dix-sept, sur deux cents ; je me réjouis que nous ne soyons pas trois, mais je suis surpris que nous ne soyons pas cinquante, inculpés ; parce que je sais, moi, et vous savez bien, vous, qu’il y a dans notre lycée cent cinquante élèves qui s’absentent à volonté des cours, et au moins cent cinquante élèves qui ont manqué, comme vous dites, au règlement intérieur.

« — Deuxièmement, donc, j’accuse, en mon nom, et au nom de cent cinquante élèves, et au nom de mes parents, qui n’y ont peut-être pas songé, et au nom des parents des cent cinquante élèves, qui ne semblent pas y avoir songé, puisque c’est nous qui sommes ici accusés, et non le directeur du lycée, et non le personnel de surveillance, et non le corps enseignant.

« J’accuse le directeur, le personnel de surveillance et le corps enseignant d’avoir autorisé mes absences, et je les accuse d’avoir toléré l’absence régulière de plus de la moitié de leurs effectifs.

« — Troisièmement, j’accuse tous ceux qui ont provoqué ces absences, j’accuse tous les professeurs qui, légalement ou non, mais pas légitimement, n’ont pas été présents quand nous étions présents. Je demande que cette dose-là d’absentéisme soit aussi publiée.

« — Quatrièmement, j’accuse l’administration et le corps professoral de nous avoir trompés : le lycée n’est pas un lycée agricole.

« J’accuse tout ce qui nous a empêchés de participer aux travaux agricoles.

« J’accuse pourtant moins l’administration centrale, lointaine et absurde, qui a livré un lycée sans matériel agricole suffisant, que le corps professoral qui a capitulé devant notre mécontentement, les ingénieurs et les techniciens qui ont fait du domaine leur ferme ou celle de quelques privilégiés et qui ont trouvé dans ces formes de fuite la permission du directeur ; je les accuse par-dessus tout d’avoir été incapables de comprendre ce que nous désirions et demande qu’ils soient punis pour avoir méprisé ce que nous désirions.

« — Enfin, le lycée a été abîmé, des objets ont été détruits, des machines endommagées.

« D’abord, bien sûr, j’annonce que ces dégradations ne sont pas le fait de trois ou quatre élèves — tout le monde le sait : j’accuse donc l’administration