Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/117

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qui constituait la base même de la métaphysique, et que la philosophie spéculative considérait comme un monde quasi absolu, spontané et indépendant de toute influence matérielle, n’a plus, dans le système d’Auguste Comte, d’autre base que la physiologie, et n’est autre chose que le développement de celle-ci ; de sorte que ce que nous appelons intelligence, imagination, mémoire, sentiment, sensation et volonté, ne sont plus rien à nos yeux que les différentes facultés, fonctions ou activités du corps humain.

Considérés à ce point de vue, le monde humain, son développement, son histoire, — que nous avions envisagé jusque-là comme une manifestation d’une idée théologique, métaphysique et juridico-politique, et dont aujourd’hui nous devons recommencer l’étude, en prenant pour point de départ toute la nature et pour fil directeur la propre physiologie de l’homme, nous apparaîtront sous un jour tout nouveau, plus naturel, plus large, plus humain et plus fécond en enseignements pour l’avenir.

C’est ainsi que l’on pressent déjà dans cette voie l’avènement d’une science nouvelle : la sociologie, — c’est-à-dire la science de lois générales qui président à tous les développements de la société humaine. Elle sera le dernier terme et le couronnement de la philosophie positive. L’histoire et la statistique nous prouvent que le corps social comme tout autre corps