Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/118

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naturel, obéit dans ses évolutions et transmutations à des lois générales et qui paraissent être tout aussi nécessaires que celles du monde physique. Dégager ces lois des événements passés et de la masse des faits présents, tel doit être l’objet de cette science. En dehors de l’immense intérêt qu’elle présente déjà à l’esprit, elle nous promet dans l’avenir une grande utilité pratique ; car de même que nous ne pouvons dominer la nature et la transformer selon nos besoins progressifs que grâce à la connaissance que nous avons acquise de ses lois, nous ne pourrons réaliser notre liberté et notre prospérité dans le milieu social qu’en tenant compte des lois naturelles et permanentes qui le gouvernent. Et du moment que nous avons reconnu que l’abîme qui dans l’imagination des théologiens et des métaphysiciens, était censé séparer l’esprit de la nature, n’existe pas du tout, nous devons considérer la société humaine comme un corps sans doute beaucoup plus complexe que les autres, mais tout aussi naturel, et obéissant aux mêmes lois, plus celles qui lui sont exclusivement propres. Une fois ceci admis, il devient clair que la connaissance et la stricte observation de ces lois devient indispensable, pour que les transformations sociales que nous entreprendrons soient viables.

Mais d’un autre côté, nous savons que la sociologie est une science à peine née, qu’elle est encore à