Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/163

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avoisinent sans les unir, ni les confondre en un seul, ces objets restent en dehors l’un de l’autre. Le monde extérieur ne présente donc à l’homme rien qu’une diversité innombrable d’objets, d’actions et de rapports séparés et distincts, sans la moindre apparence d’unité, — c’est une juxtaposition indéfinie, ce n’est pas un ensemble. D’où vient l’ensemble ? Il gît dans la pensée de l’homme. L’intelligence de l’homme est douée de cette faculté abstractive, qui lui permet, après qu’elle eut parcouru lentement et examiné séparément, l’un après l’autre, une quantité d’objets, de les embrasser en un clin d’œil par une seule représentation, de les unir en une seule et même pensée. — C’est donc la pensée de l’homme qui crée l’unité et qui la transporte dans la diversité du monde extérieur.

Il s’ensuit que cette unité est un être, non concret et réel, mais abstrait, produit uniquement par la faculté abstractive de l’homme. Nous disons : faculté abstractive, parce que pour unir tant d’objets différents en une seule représentation, notre pensée doit faire abstraction de tout ce qui constitue leur différence, c’est-à-dire leur existence séparée et réelle, et ne retenir que ce qu’ils ont de commun, d’où il résulte, que plus une unité pensée par nous embrasse d’objets, plus elle s’élève, et plus ce qu’elle retient en commun et ce qui constitue sa détermination positive,