Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/173

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l’homme ne rencontre plus qu’un seul objet : elle-même, mais délivrée de tout contenu et privée de tout mouvement, faute de quelque chose à dépasser — elle-même comme abstraction, comme être absolument immobile et absolument vide. — Nous dirions le Néant absolu. — Mais la fantaisie religieuse dit : l’Être suprême — Dieu.

D’ailleurs, comme nous l’avons déjà fait observer, elle est induite à le faire en prenant exemple de la différence ou même de l’opposition que la réflexion déjà développée à ce point, commence à établir entre l’homme extérieur — son corps, et son monde intérieur, comprenant sa pensée et sa volonté — l’âme humaine. Ignorant naturellement que cette dernière n’est rien que le produit et la dernière expression toujours renouvelée, reproduite de l’organisme humain, voyant au contraire que dans la vie journalière, le corps semble toujours obéir aux suggestions de la pensée et de la volonté ; supposant par conséquent que l’âme est, sinon le créateur, au moins toujours le maître du corps auquel il ne resterait alors d’autre mission que celle de la servir et de la manifester, — l’homme religieux, — du moment que sa faculté abstractive arrivée, de la manière que nous venons de décrire, à la conception de l’être universel et suprême, qui n’est autre, avons-nous prouvé, que cette puissance d’abstraction se posant à elle-même comme ob-