Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/193

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contrat social. Selon ce système, le bien et le juste ne commençant qu’avec le contrat, ne sont rien en effet que le contenu même et le but du contrat, c’est-à-dire l’intérêt commun et le droit public de tous les individus, qui l’ont formé entre eux, à l’exclusion de tous ceux qui sont restés en dehors du contrat, — par conséquent rien que la plus grande satisfaction donnée à l’égoïsme collectif d’une association particulière et restreinte, qui étant fondée sur le sacrifice partiel de l’égoïsme individuel de chacun de ses membres rejette de son sein, comme étrangers et comme ennemis naturels, l’immense majorité de l’humaine espèce, formée ou non formée en associations analogues.

L’existence d’un seul État restreint suppose nécessairement l’existence et au besoin provoque la formation de plusieurs États, étant fort naturel que les individus qui se trouvent en dehors de lui, menacés par lui dans leur existence et dans leur liberté, s’associent à leur tour contre lui. Voilà donc l’humanité divisée en un nombre indéfini d’États étrangers, hostiles et menaçants les uns pour les autres. Il n’existe point de droit commun, de contrat social entre eux, car s’il en existait un, ils cesseraient d’être des États absolument indépendants l’un de l’autre, devenant des membres fédérés d’un seul grand État. Mais à moins que ce grand État n’embrasse l’humanité tout entière, il aurait contre lui dans la même