Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/194

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attitude d’hostilité nécessaire d’autres grands États intérieurement fédérés, — ce serait toujours la guerre comme loi suprême et comme une nécessité inhérente à l’existence même de l’humanité.

Intérieurement fédéré ou non fédéré, chaque État, sous peine de périr, doit donc chercher à devenir le plus puissant. Il doit dévorer pour ne point être dévoré, conquérir pour ne pas être conquis, asservir pour ne pas être asservi, — car deux puissances similaires et en même temps étrangères l’une à l’autre ne sauraient coexister sans s’entre-détruire.

L’État est donc la négation la plus flagrante, la plus cynique et la plus complète de l’humanité. Il rompt l’universelle solidarité de tous les hommes sur la terre, et n’en associe une partie que pour en détruire, conquérir et asservir tout le reste. Il ne couvre de sa protection que ses propres citoyens, ne reconnaît le droit humain, l’humanité, la civilisation qu’à l’intérieur de ses propres limites ; ne reconnaissant aucun droit en dehors de lui-même, il s’arroge logiquement celui de la plus féroce inhumanité contre toutes les populations étrangères qu’il peut piller, exterminer ou asservir à son gré. S’il se montre généreux et humain envers elles, ce n’est jamais par devoir ; car il n’a de devoirs qu’envers lui-même d’abord, et ensuite envers ceux de ses membres, qui l’ont librement formé, qui continuent de le constituer