Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/205

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traire, n’est-ce pas, de ce qui arrive dans nos États modèles d’aujourd’hui ? Il pose comme principe, que pour établir l’ordre public, il faut une autorité supérieure ; que pour guider les hommes et pour réprimer leurs mauvaises passions, il faut un guide et un frein ; mais que cette autorité doit être celle d’un homme de génie vertueux[1], législateur de son peuple, comme Moïse, Lycurgue, comme Solon — et que ce guide et ce frein seront la sagesse et la puissance répressive de l’État.

Au nom de la logique nous pourrions bien chicaner sur le législateur, car dans le système que nous examinons maintenant, il s’agit non d’un code de lois imposé par une autorité quelconque, mais d’un engagement mutuel librement contracté par les libres fondateurs de l’État. Et comme ces fondateurs, d’après le système en question, ne furent ni plus ni moins que des sauvages, qui, ayant vécu jusque-là dans la plus complète liberté naturelle, devaient ignorer la différence du bien et du mal, nous pourrions demander par quel moyen ils sont arrivés tout à coup à les distinguer et à les séparer ? Il est vrai qu’on pourra

  1. L’idéal de Mazzini. — Voyez Doveri dell’uomo — (Napoli, 1860), p. 83 et a Pio IX Papa, p. 27 : « Crediamo santa l’Autorita quando consecrata del genio e della virtu, soli sacerdoti dell’avvenire, e manifestata della vasta potenza di sacrificio, predica il bene e liberamento accettata, guida visibilmente ad esso… »