Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/210

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rités temporelles consacrées par les prêtres. La réponse sera bien plus difficile pour la théorie de l’État fondé sur le libre contrat. Dans une démocratie pure où règne l’égalité, qui pourrait être en effet le gardien et l’exécuteur des lois, le défenseur de la justice et de l’ordre public contre les mauvaises passions de chacun ? — chacun étant déclaré incapable de veiller sur lui-même et de museler, autant que cela est nécessaire pour le salut commun, sa liberté propre, naturellement portée vers le mal. — En un mot, qui remplira les fonctions de l’État ?

Les meilleurs citoyens, dira-t-on, les plus intelligents et les plus vertueux, ceux qui comprendront mieux que les autres les intérêts communs de la société et la nécessité pour chacun, le devoir de chacun de leur subordonner tous les intérêts particuliers. Il faut en effet que ces hommes soient aussi intelligents que vertueux, car s’ils étaient seulement intelligents sans vertu, ils pourraient fort bien faire servir la chose publique à leur intérêt privé, et s’ils n’étaient que vertueux sans intelligence, ils la ruineraient infailliblement malgré toute leur bonne foi. Il faut donc, pour qu’une république ne périsse pas, qu’elle possède à toutes les époques un nombre assez considérable d’hommes pareils ; il faut que, pendant toute sa durée, il y ait une succession pour ainsi dire continue de citoyens à la fois vertueux et intelligents.