Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/216

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ment des masses, malgré tout l’appareil de la toute-puissance populaire, y reste pour la plupart du temps à l’état de fiction. En réalité, ce sont les minorités qui gouvernent. Dans les États-Unis, jusqu’à la dernière guerre d’émancipation et même en partie à présent — voire tout le parti du président actuel Johnson — c’étaient et ce sont les soi-disant démocrates, les partisans quand même de l’esclavage et de la féroce oligarchie des planteurs, démagogues sans foi ni conscience, capables de tout immoler à leur cupidité, à leur malfaisante ambition et qui, par leur action et leur influence détestables, exercées à peu près sans obstacles pendant près de cinquante ans de suite, ont grandement contribué à dépraver les mœurs politiques dans l’Amérique du Nord. Aujourd’hui, une minorité réellement intelligente, généreuse, mais tout de même et toujours une minorité, — le parti des républicains, combat avec succès leur politique pernicieuse. Espérons que son triomphe sera complet, espérons-le pour le bien de l’humanité tout entière ; mais quelle que soit la sincérité de ce parti de la liberté, quelques grands et généreux que soient les principes qu’il professe, n’espérons pas, qu’une fois arrivé au pouvoir, il renonce à cette position exclusive de minorité gouvernante, pour se confondre avec la masse de la nation et pour que le self-government populaire devienne enfin une vérité. Pour cela il