Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/235

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civilisation, ne possédant que des idées simples[1] produites par les impressions tant internes qu’externes[2], elle est au plus bas ; et pour s’élever au plus haut elle n’a que la rétention et l’association[3], mais cela suffit. Peu à peu se forment des combinaisons complètes qui augmentent la force et le champ de l’activité céré-

    la transmission, les impressions illusoires arrivent au centre intellectuel (« la substance grise des circonvolutions de cette partie du cerveau, qui occupe toute la partie supérieure et antérieure de la cavité crânienne ou du cerveau proprement dit »), comme si elles étaient réelles ; le jugement s’en emparant, travaille nécessairement sur ces matériaux fictifs et les conceptions imaginaires apparaissent. Au reste, sauf la lésion pathologique, une preuve toute semblable est fournie par le développement historique des conceptions humaines. Au début des observations — à part les plus simples — sont fautives, et le jugement est fautif à leur suite ; on voit le soleil se lever à l’est et se coucher à l’ouest, et là-dessus le jugement bâtit une conception erronée qu’il ne rectifie qu’à l’aide d’autres observations meilleures. Si le jugement était primordial, non subséquent, l’histoire humaine aurait été différente (l’humanité n’aurait point eu pour ancêtre un cousin du gorille) : les grandes lumières seraient à l’origine, d’où dériveraient par déductions les lumières secondaires ; telle est en effet l’hypothèse théologique… » M. Littré aurait pu ajouter : et métaphysique et juridique aussi.

  1. Nous aurions dit les notions primordiales ou même les simples représentations des objets.
  2. Les impressions sensorielles que l’individu au moyen de ses nerfs reçoit des objets tant extérieurs qu’intérieurs.
  3. La rétention des simples idées par la mémoire et leur association par l’activité même du cerveau.