Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/273

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plante la plus puissante, celle qui se trouve être la mieux adaptée aux conditions particulières du climat et du sol, se développant toujours avec une plus grande vigueur relative, tend naturellement à étouffer toutes les autres. C’est une lutte silencieuse, mais sans trêve, et il faut toute l’énergique intervention de l’homme pour protéger contre cet envahissement fatal les plantes qu’il préfère.

Dans le monde animal la même lutte se reproduit, seulement avec plus de mouvement dramatique et de bruit. Ce n’est plus un étouffement silencieux et insensible. Le sang coule, et l’animal déchiré, dévoré, torturé, remplit l’air de ses gémissements. L’homme enfin, l’animal parlant, introduit la première phrase dans cette lutte, et cette phrase s’appelle le patriotisme.

Le combat pour la vie dans le monde animal et végétal n’est point seulement une lutte individuelle ; c’est une lutte d’espèces, de groupes et de familles, les unes contre les autres. — Il y a dans chaque être vivant deux instincts, deux grands intérêts principaux : celui de la nourriture et celui de la reproduction. Au point de vue de la nourriture, chaque individu est l’ennemi naturel de tous les autres, sans considération aucune de liens de famille, de groupes et d’espèces. Le proverbe, que les loups ne se mangent pas entre eux, n’est juste qu’autant que les loups trouvent