Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/281

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turel régner sans partage. — Il constitue dans les collectivités humaines un sentiment sans doute beaucoup plus compliqué que dans les autres collectivités animales, par cette seule raison que la vie de l’homme, animal pensant et parlant, embrasse incomparablement plus d’objets que celle des animaux des autres espèces : aux habitudes et aux traditions toutes physiques viennent encore se joindre chez lui les traditions plus ou moins abstractives, intellectuelles et morales, une foule d’idées et de représentations fausses ou vraies, avec différentes coutumes religieuses, économiques, politiques et sociales. — Tout cela constitue autant d’éléments du patriotisme naturel de l’homme, en tant que toutes ces choses, se combinant d’une façon ou d’une autre, forment, pour une collectivité particulière quelconque, un mode particulier d’existence, une manière traditionnelle de vivre, de penser et d’agir autrement que les autres.

Mais quelque différence qu’il y ait entre le patriotisme naturel des collectivités humaines et celui des collectivités animales, sous le rapport de la quantité et même de la qualité des objets qu’ils embrassent, ils ont ceci de comment qu’ils sont également des passions instinctives, traditionnelles, habituelles, collectives et que l’intensité de l’un aussi bien que de l’autre ne dépend aucunement de la nature de leur contenu. On pourrait dire au contraire que moins ce