Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/304

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ple qu’il n’exige presque pas le travail des esclaves. Aussi voyons-nous que chez les peuples nomades et bergers le nombre des esclaves est fort restreint, pour ne pas dire presque nul. Il en est autrement des peuples sédentaires et agricoles. L’agriculture exige un travail assidu, journalier et pénible. L’homme libre des forêts et des plaines, le chasseur aussi bien que le pasteur, s’y assujettit avec une très grande répugnance. Aussi voyons-nous encore aujourd’hui chez les peuples sauvages de l’Amérique, par exemple, que c’est sur l’être comparativement le plus faible, sur la femme, que retombent tous les travaux de l’intérieur les plus durs et les plus dégoûtants. Les hommes ne connaissent d’autre métier que la chasse et la guerre, que dans notre civilisation même on considère encore comme les métiers les plus nobles, et méprisant toutes les autres occupations, restent étendus paresseusement fumant leurs pipes, tandis que leurs malheureuses femmes, ces esclaves naturelles de l’homme barbare, succombent sous le fardeau de leur besogne journalière.

Un pas de plus dans la civilisation, et l’esclave prend le rôle de la femme. Bête de somme intelligente, forcé de soulever toute la charge du travail corporel, il crée le loisir et le développement intellectuel et moral de son maître.

(À suivre[1].)MICHEL BAKOUNINE.
  1. La suite n’a pas paru.