Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

passer par le trou d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le royaume céleste ». (Je m’imagine toujours la figure que doivent faire les pieux et riches bourgeois protestants de l’Angleterre, de l’Amérique, de l’Allemagne, de la Suisse, en lisant ces sentences si décisives et si désagréables pour eux).

Jésus-Christ a raison, entre la convoitise des richesses matérielles et le salut des âmes immortelles, il y a une incompatibilité absolue. Et alors, pour peu qu’on croie réellement à l’immortalité de l’âme, ne vaut-il pas mieux renoncer au confort et au luxe que donne la société et vivre de racines comme l’ont fait les anachorètes en sauvant son âme pour l’éternité, que de la perdre au prix de quelques dizaines d’années de jouissances matérielles. Ce calcul est si simple, si évidemment juste, que nous sommes forcés de penser que les pieux et riches bourgeois, banquiers, industriels, commerçants, qui font de si excellentes affaires par les moyens que l’on sait, tout en ayant toujours des paroles de l’Évangile à la bouche, ne comptent aucunement sur l’immortalité de l’âme pour [eux] et qu’ils l’abandonnent généreusement au prolétariat, se réservant humblement pour eux-mêmes ces misérables biens matériels qu’ils amassent sur cette terre.

En dehors des biens matériels, que donne encore la société ? Les affections charnelles, humaines, terres-