Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/332

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[1] régulière du privilège d’une minorité quelconque et de l’asservissement réel de l’immense majorité.

La révolte est beaucoup plus facile contre l’État, parce qu’il y a dans la nature même de l’État quelque chose qui provoque à la révolte. L’État c’est l’autorité, c’est la force, c’est l’ostentation et l’infatuation de la force. Il ne s’insinue pas, il ne cherche pas à convertir : et toutes les fois qu’il s’en mêle, il le fait de très mauvaise grâce ; car sa nature, ce n’est point de persuader, mais de s’imposer, de forcer. Quelque peine qu’il se donne pour masquer cette nature comme le violateur légal de la volonté des hommes, comme la négation permanente de leur liberté. Alors même qu’il commande le bien, il le dessert et le gâte, précisément parce qu’il le commande, et que tout commandement provoque et suscite les révoltes légitimes de la liberté ; et parce que le bien, du moment qu’il est commandé, au point de vue de la vraie morale, de la morale humaine, non divine sans doute, au point de vue du respect humain et de la liberté, devient le mal. La liberté, la moralité et la dignité humaine de l’homme consiste précisément en ceci, qu’il fait le bien, non parce qu’il lui est commandé, mais parce qu’il le conçoit, qu’il le veut et qu’il l’aime.

La société, elle, ne s’impose pas formellement, of-

  1. Un mot illisible.