Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/343

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la base de la morale dans l’individu isolé, tandis qu’elle ne se trouve et ne peut se trouver que dans les individus associés. Pour le prouver, commençons à faire justice, une fois pour toutes, de l’individu isolé ou absolu des idéalistes.

Cet individu humain solitaire et abstrait est une fiction, pareille à celle de Dieu, toutes les deux ayant été créées simultanément par la fantaisie croyante ou par la raison enfantine, non réfléchie, expérimentale et critique mais imaginative des peuples, d’abord, et plus tard développées, expliquées et dogmatisées par les théories théologiques et métaphysiques des penseurs idéalistes. Toutes les deux, représentant un abstractum vide de tout contenu et incompatible avec une réalité quelconque, aboutissent au Néant. Je crois avoir prouvé l’immoralité de la fiction de Dieu : plus tard, dans l’Appendice je prouverai encore davantage son absurdité. Maintenant je veux analyser la fiction aussi immorale qu’absurde de cet individu humain absolu ou abstrait, que les moralistes de l’École idéale prennent pour base de leurs théories politiques et sociales.

Il ne me sera pas difficile de prouver que l’individu humain qu’ils préconisent et qu’ils aiment, est un être parfaitement immoral. C’est l’égoïsme personnifié, l’être antisocial par excellence. Puisqu’il est doué d’une âme immortelle, il est infini et com-