Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/103

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révolutionnaires de tous les pays. S’il ne tenait qu’à lui, il aurait bien vite balayé le territoire suisse de tous ces aventuriers qui le remplissent malheureusement aujourd’hui. Mais il y a un obstacle sérieux, c’est le sentiment encore vivant de la dignité suisse, ce sont les grandes traditions historiques et les sympathies naturelles et profondes de notre peuple républicain pour les héros et les martyrs de la liberté. C’est enfin la loi suisse, qui offre une hospitalité généreuse à tous les réfugiés politiques et qui les protège contre les persécutions des despotes.

Le Conseil fédéral ne se sent pas encore assez fort pour briser cet obstacle, mais il sait habilement le tourner ; et les traités d’extradition pour crimes et délits communs, que presque tous les gouvernements de l’Europe s’empressent de conclure entre eux, en vue d’une prochaine guerre internationale de la réaction contre la révolution, lui offrent un moyen magnifique pour le faire. On calomnie d’abord, ensuite on sévit. On fait semblant d’ajouter foi à des accusations mensongères soulevées contre un émigré politique par un gouvernement qui n’a jamais fait autre chose que mentir, puis on déclare au public républicain suisse qu’on poursuit cet individu, non pour quelque crime politique, mais pour des crimes communs. C’est ainsi que M. Netchaïef est devenu un assassin et un faussaire.

Qui l’affirme ? Le gouvernement russe. Et notre cher et honnête Conseil fédéral a tellement foi dans toutes les affirmations du gouvernement russe qu’il