Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/105

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s’est transformée en gendarmerie du tsar de toutes les Russies.

On prétend même que M. Camperio, le spirituel homme d’État de Genève, s’en est lavé les mains comme Pilate. Il était au désespoir d’avoir à remplir des fonctions qui lui répugnaient, mais il devait obéir aux injonctions précises du Conseil fédéral. Je me demande si M. James Fazy, également homme d’esprit et de plus grand révolutionnaire, comme tout le monde sait, eût agi, eût pu |19 agir autrement à sa place ? Je suis convaincu que non. Après avoir été l’un des principaux promoteurs du système de centralisation politique, qui, depuis 1848, subordonne l’autonomie des cantons au pouvoir du Conseil fédéral, comment aurait-il pu se soustraire aux conséquences de ce système ? Il aurait suffi que le Conseil fédéral l’ordonnât, pour que, de même que M. Camperio, il remplît nolens volens l’office de gendarme russe.


Tel est donc le résultat le plus clair de notre grande conquête de 1848. Cette centralisation politique, que le parti radical avait créée au nom de la liberté, tue la liberté. Il suffit que le Conseil fédéral se laisse intimider ou corrompre par une puissance étrangère, pour que tous les cantons trahissent la liberté. Il suffit que le Conseil fédéral l’ordonne, pour que toutes les autorités cantonales se transforment en gendarmes des despotes. D’où il résulte que l’ancien régime de l’autonomie des cantons garan-