Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/129

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est une des conditions essentielles de développement des richesses, et cette centralisation eût été impossible si l’on n’avait pas aboli l’autonomie politique des cantons.

D’un autre côté, l’expérience de vingt-deux ans nous |37 prouve que la centralisation politique est également funeste à la Suisse. Elle tue sa liberté, met en danger son indépendance, en fait un gendarme complaisant et servile de tous les despotes puissants de l’Europe. En amoindrissant sa force morale, elle compromet son existence matérielle.

Que faire alors ? Retourner à l’autonomie politique des cantons est chose impossible. Conserver la centralisation politique n’est pas désirable.

Le dilemme ainsi posé n’admet qu’une seule solution : c’est l’abolition de tout État politique, tant cantonal que fédéral, c’est la transformation de la fédération politique en fédération économique, nationale et internationale.

Telle est la fin vers laquelle évidemment marche aujourd’hui toute l’Europe.


En attendant, la Suisse, grâce à sa nouvelle constitution politique, perd chaque jour une portion de son indépendance et de sa liberté. Les années 1869 et 1870 feront époque dans l’histoire de notre décadence nationale. Jamais aucun gouvernement suisse n’a montré autant de mépris pour notre sentiment républicain, ni autant de condescendance servile pour les exigences arrogantes et hautaines des