Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/132

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Greco fut saisi aussitôt par la police française, et on lui fit son procès. Il dénonça Mazzini comme l’ayant envoyé à Paris pour tuer Napoléon III. À la suite de cette accusation mensongère, le gouvernement français réclama encore une fois au gouvernement de la reine d’Angleterre l’extradition ou au moins l’expulsion de Mazzini. Mais Mazzini avait déjà publié un écrit dans lequel il affirmait et prouvait que Greco n’était rien qu’un agent provocateur qu’on lui avait envoyé pour l’attirer dans un infâme guet-apens. Cette question fut traitée dans le Parlement, et voici ce que dit, à cette occasion, le ministre de la reine, lord John Russell : « Le gouvernement français affirme que Mazzini avait engagé Greco à assassiner l’empereur. Mais Mazzini affirme, au contraire, que Greco lui fut envoyé par les deux gouvernements pour le compromettre. Entre ces deux affirmations contraires, nous ne pouvons hésiter. Sans doute, nous devons croire Mazzini. »

Voilà comment on sauvegarde, même sous un régime monarchique, la liberté, la dignité et l’indépendance de son pays. Et la Suisse, qui est une république, se fait le gendarme, tantôt de l’Italie, tantôt de la France, de la Prusse, ou du tsar de Russie !

Mais, dira-t-on, l’Angleterre est un pays puissant, tandis que la Suisse, toute république qu’elle est, est un pays comparativement très faible. Sa faiblesse lui conseille de céder, car si elle voulait opposer une trop grande résistance aux réclamations même injustes et aux injonctions même blessantes des