Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/139

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trouvent le dépècement de la Suisse possible, ils nous dépèceront. Qu’ils nous haïssent tant qu’ils voudront, mais s’ils sont convaincus de l’impossibilité de partager la Suisse entre eux, ils nous respecteront. Il nous faut donc créer cette impossibilité. Mais ne pouvant être fondée sur les calculs de la diplomatie, cette impossibilité ne peut résider que dans l’énergie républicaine du peuple suisse.

Telle est donc l’unique base réelle et sérieuse de notre sécurité, de notre liberté, de notre indépendance nationale. Ce n’est pas en voilant, ni en diminuant notre prin |45 cipe républicain, ce n’est pas en demandant lâchement aux puissances despotiques de nous continuer la permission d’être au milieu des États monarchiques la seule république de l’Europe, ce n’est pas en nous efforçant de gagner leurs bonnes grâces par des complaisances honteuses ; — non : c’est en élevant bien haut notre drapeau républicain, c’est en proclamant nos principes de liberté, d’égalité et de justice internationale, c’est en devenant franchement un centre de propagande et d’attraction pour les peuples, et un objet de respect et de haine pour tous les despotes, que nous sauverons la Suisse.

Et c’est au nom de notre sécurité nationale, autant qu’au nom de notre dignité républicaine, que nous devons protester contre les actes odieux, inqualifiables, funestes, de notre Conseil fédéral.

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