Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/158

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tionnaires nouveaux, avec la certitude que ces nouveaux fonctionnaires seront plus intelligents, plus énergiques et plus honnêtes que les fonctionnaires actuels. Il suffit d’énoncer cette exigence pour voir que sa réalisation est impossible.

Il ne reste donc au gouvernement provisoire que deux alternatives : ou bien [de[1]] se résigner à se servir de cette administration essentiellement bonapartiste, et qui sera entre ses mains une arme empoisonnée contre lui-même et contre la France ; ou bien de briser cette machine gouvernementale, sans même essayer de la remplacer par une autre, et de rendre la liberté d’initiative la plus complète à toutes les provinces, à toutes les communes de France, ce qui équivaut à la dissolution de l’État actuel.

Mais en détruisant la machine administrative, les hommes de la gauche se priveront du seul moyen qu’ils avaient de gouverner la France. Paris ayant de la sorte perdu le commandement officiel, l’initiative par décrets, ne conservera plus que l’initiative de l’exemple qu’il pourra donner en se mettant à la tête de ce mouvement national.

Paris est-il capable, par l’énergie de ses résolutions, de jouer ce rôle ? Non ; Paris est trop absorbé par l’intérêt de sa propre défense pour pouvoir diriger et organiser le mouvement national de la France. Paris assiégé se transformera en un immense camp ; toute sa population ne formera plus qu’une armée, disciplinée par le sentiment du danger : mais une

  1. Mot omis dans la brochure. — J. G.