Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/174

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parce que c’est la logique même des choses.

Par bonheur, aujourd’hui, les événements eux-mêmes forceront bien les ouvriers d’ouvrir les yeux et de renoncer à ce système fatal. Ils devraient être fous pour vouloir faire, dans les circonstances présentes, du terrorisme dans les campagnes. Si les campagnes se soulevaient maintenant contre les villes, les villes et la France avec elles seraient perdues. Les ouvriers le sentent, et c’est là en partie ce qui m’explique l’apathie, l’inertie incroyable des populations ouvrières dans la plupart des grandes villes de France.

En effet, les ouvriers se trouvent en ce moment complètement déroutés et abasourdis par la nouveauté de la situation. Jusqu’ici, il n’y a guère eu que leurs souffrances qu’ils connussent par expérience personnelle ; tout le reste, leur idéal, leurs espérances, leurs imaginations politiques et sociales, leurs plans et projets pratiques, rêvés plutôt que médités pour un prochain avenir, — tout cela ils l’ont pris beaucoup plus dans les livres, dans les théories courantes et sans cesse discutées, que dans une réflexion basée sur l’expérience de la vie. De leur existence et de leur expérience journalière, ils ont fait continuellement abstraction, et ils ne sont point habitués à y puiser leurs inspirations, leur pensée. Leur pensée s’est nourrie d’une certaine théorie acceptée par tradition, sans critique, mais avec pleine confiance, et cette théorie n’est autre chose que le système politique des Jacobins, mo-