Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/178

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3o Les paysans en outre considèrent les ouvriers des villes comme des partageux, et craignent que les socialistes ne viennent confisquer leur terre qu’ils aiment au-dessus de toute chose.

Que doivent donc faire les ouvriers pour vaincre cette défiance et cette animosité des paysans contre eux ? D’abord cesser de leur témoigner leur mépris, cesser de les mépriser. Cela est nécessaire pour le salut de la révolution et d’eux-mêmes, car la haine des paysans constitue un immense danger. S’il n’y avait pas cette défiance et cette haine, la révolution aurait été faite depuis longtemps, car l’animosité qui existe malheureusement dans les campagnes contre les villes constitue dans tous les pays la base et la force principale de la réaction. Donc l’intérêt de la révolution qui doit les émanciper, les ouvriers doivent cesser au plus vite de témoigner ce mépris aux paysans. Ils le doivent aussi par justice, car vraiment ils n’ont aucune raison pour les mépriser, ni pour les détester. Les paysans ne sont pas des fainéants, ce sont de rudes travailleurs comme eux-mêmes, seulement ils travaillent dans des conditions différentes. Voilà tout. En présence du bourgeois exploiteur, l’ouvrier doit se sentir le frère du paysan[1].

  1. Dans le manuscrit de Bakounine vient ici, page 54, lignes 12 et suivantes, un passage que j’ai supprimé, et une longue note qui le complète et qui s’étend au bas des pages 54-57. J’ai intercalé une partie de cette note, relative à une lettre de Gambetta, dans la Lettre II, pages 88 (l. 7)-90 (l. 9) de cette réimpression. — J. G.