Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/192

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armées allemandes, les communications du gouvernement avec le pays seront complètement coupées. Dans ces conditions-là, aucune organisation n’est possible. Et d’ailleurs, à ce moment suprême, le gouvernement de Paris sera tellement absorbé par la défense même de Paris et par les difficultés intérieures qu’il rencontrera, que, fût-il composé des hommes les plus intelligents et les plus énergiques, il lui sera impossible de songer à autre chose.

Il est vrai que le gouvernement pourra se transporter en dehors de Paris, dans quelque grande cité provinciale, à Lyon, par exemple. Mais alors il n’exercera plus aucune autorité sur la France, parce qu’aux yeux du peuple, aux yeux des paysans surtout, comme il se trouve composé non des élus de la France entière, mais des élus de Paris, c’est-à-dire d’hommes les uns inconnus, les autres détestés de la campagne, — ce gouvernement n’aura aucun titre légitime à commander à la France. S’il restait à Paris, soutenu par les ouvriers de Paris, il pourrait encore s’imposer à la France, au moins aux villes, et peut-être même aux campagnes, malgré l’hostilité bien prononcée des paysans contre les hommes qui le composent. Car, il faut en convenir, Paris exerce un prestige historique si grand sur toutes les imaginations françaises, que bon gré mal gré on finira toujours par lui obéir.

Mais une fois le gouvernement sorti de Paris, cette raison si puissante n’existera plus. Supposons même que la grande cité provinciale où il aura