Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/217

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avec Mac-Mahon et Bazaine pour sauver l’empire, s’il est possible, et, en cas d’impossibilité, pour sauver au moins la monarchie en la transformant en royaume avec la dynastie des Bourbons ou des Orléans ; ils savent que le trop éloquent et parlementaire Trochu intrigue avec le père du parlementarisme, Thiers, et avec le taciturne Changarnier, pour le rappel direct des |8 Orléans. Gambetta sait tout, voit tout, mais il les laisse, étant trop patriote lui-même pour se permettre même une intrigue en faveur de la république. Il pousse cette renonciation patriotique si loin, qu’il permet même à ses nouveaux amis de la réaction bonapartiste, devenus tout-puissants depuis que les événements ont démontré leur impuissance à gouverner la France, de démolir et de décapiter le parti républicain, en suspendant ses deux journaux principaux, le Réveil et le Rappel, les seuls qui aient osé dire la vérité sur les événements qui se passent à la France et aux habitants de la France.

Le mensonge officiel est aujourd’hui plus que jamais à l’ordre du jour à Paris et dans toute la France. On trompe cyniquement, systématiquement la nation tout entière sur l’état réel des affaires. Au moment où l’armée française est battue et plus qu’à moitié détruite, alors que les Prussiens continuent leur marche victorieuse sur Paris, Palikao vient parler des victoires de Bazaine au Corps législatif, et tous les journaux de Paris, sachant la vérité, répètent ces mensonges, — toujours par patriotisme, car le mot d’ordre à présent dans tout le pays, c’est de sauver la France par le mensonge. Gambetta et Comp. savent tout cela, et non seulement ils se taisent, mais ils sanctionnent le mensonge officiel, par les expressions hypocrites d’une confiance et d’une joie qu’ils sont bien loin d’éprouver. Pourquoi le font-