Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/234

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régime impérial, l’est encore davantage par les désastres qui viennent de frapper la France et par l’agitation populaire qui en a été la conséquence partout. Elle est annulée depuis que le régime impérial est tombé de fait, sinon de droit. Elle ne croit plus à sa propre existence, c’est un sauve-qui-peut général ; et au milieu de cette confusion suprême, elle a perdu le peu de tête, de courage et d’énergie qu’elle avait, et elle n’a conservé qu’une seule faculté : celle de mentir et de piller. L’administration allemande est au contraire tout électrisée, elle est plus honnête, plus intelligente, plus énergique et plus active que jamais, et elle fonctionne non au milieu d’un pays envahi, mais d’un pays tranquille, plein de bonne volonté, soutenue par l’enthousiasme des populations. Donc, il est évident qu’elle créera, en moins de temps, davantage et mieux que l’administration française.

Au point de vue politique, tous les avantages sont également du côté des Allemands. Toutes les vieilles divisions du pays se sont effacées, évanouies, devant le grand triomphe de l’Allemagne unitaire. Les Allemands sont pleins d’enthousiasme, tous unis dans un même sentiment de vanité et de joie patriotique. Cette guerre est devenue pour eux une guerre nationale. C’est la race germanique qui, après tant de siècles d’abaissement, vient enfin prendre sa place en Europe comme Empire dominant, veut détrôner la France. Soyez-en certains, les ouvriers allemands eux-mêmes, tout en protestant de leurs sentiments internationaux, ne peuvent pas se garder contre les envahissements de cette contagion patriotique, de cette peste nationale. Cet enthousiasme qui frise la folie peut devenir un immense danger pour le roi de Prusse s’il retourne vaincu, ou même après