Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/236

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Ainsi, voilà où l’on en est arrivé : le préfet d’un département, abandonné par l’armée de Mac-Mahon à l’envahissement de deux cent mille Prussiens, déclare qu’il a pris des mesures pour arrêter cette armée formidable, — et que le patriotisme des populations aide aussi quelque peu l’exécution des mesures énergiques qu’il vient de prescrire !

N’est-ce pas d’une sottise et d’une effronterie désespérantes, dégoûtantes ?

|23 Malgré l’infériorité évidente des deux armées françaises, il y aurait eu un moyen sûr d’arrêter l’ennemi et de ne point lui permettre d’approcher même des murs de Paris. Si on avait exécuté ce que les journaux de Paris avaient dit dans le premier moment de désespoir ; si, aussitôt que la nouvelle des désastres français était arrivée à Paris, au lieu de proclamer la mise en état de siège de Paris et de tous les départements de l’Est, on avait provoqué la levée en masse des populations de ces départements, si on avait fait des deux armées non l’unique moyen de salut, mais deux points d’appui pour une formidable guerre de partisans, de guérillas, de brigands et de brigandes si cela devenait nécessaire ; si on avait armé tous les paysans, tous les ouvriers, en leur donnant des faux à défaut de fusils ; si les deux armées, jetant de côté toute morgue militaire, s’étaient mises en rapports fraternels avec les corps francs innombrables qui se seraient levés à l’appel de Paris, pour s’appuyer mutuellement : alors, même sans l’assistance de tout le reste de la France, Paris serait sauvé, ou au moins l’ennemi arrêté assez longtemps pour donner le moyen à un gouvernement révolutionnaire d’organiser des forces formidables.

Mais au lieu de tout cela, que voyons-nous encore