Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/250

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toute la gent innombrable d’une gigantesque administration, appuyée sur la gent cléricale, est à eux. Ils essaieront de faire couronner le prince impérial, et, s’ils ne le peuvent pas, ils profiteront de leur pouvoir pour se vendre bien cher aux Orléans.

La bourgeoisie légitimiste et orléaniste surtout, aujourd’hui beaucoup plus nombreuse que la bourgeoisie bonapartiste et la bourgeoisie radicale prises ensemble, se masque complètement derrière les phrases d’un patriotisme désintéressé, son temps, le temps des Orléans, n’étant pas encore venu, parce qu’il est tout à fait impossible pour ces derniers de revenir avec les Prussiens. D’ailleurs ils ne se soucient nullement d’accepter directement l’héritage de Napoléon III ; ils ne veulent ni de son héritage politique, ni de son héritage administratif, ni de son héritage financier, et cela pour beaucoup de raisons. D’abord, il leur serait excessivement désagréable s’ils devaient commencer leur règne par des mesures de terrorisme et de salut public, qui seront indispensables pour nettoyer la France de la vermine bonapartiste. Ils ne voudraient pas aussi commencer leur règne par la banqueroute, et la banqueroute sera inévitable pour tout État qui succédera au règne de Napoléon, aucun ne pouvant se fonder avec le déficit immense qu’il lègue à son successeur. Il y a déjà bien longtemps, depuis 1865 et 1864, que les orléanistes ont dit : « Il faut que les républicains viennent d’abord, qu’ils fassent table rase dans l’administration, qu’ils fassent surtout la banqueroute, — après quoi nous viendrons ». Je ne serais donc nullement étonné de Thiers, Trochu, Daru et tant d’autres se déclarant d’abord pour la République. Je suis même convaincu que, si l’occasion se présente, ils le feront. D’abord, cela se passera très bien ; ils seront