Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/251

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sous le régime républicain des hommes possibles, utiles, et, soit directement, soit indirectement, ils conserveront une grande influence sur le gouvernement. Ils |10 ne craignent pas la République, et ils ont raison. Ils savent que la République de Gambetta et compagnie ne peut être qu’une République politique, excluant le socialisme, les masses populaires, et confirmant, renforçant même, ce sanctus sanctorum, cette citadelle de la bourgeoisie, l’État. Ils savent que cette République, précisément parce qu’elle se posera en ennemie du socialisme, battue en brèche par ce dernier, se verra bientôt forcée d’abdiquer au profit de la monarchie, — et qu’alors les Orléans pourront revenir en France, aux acclamations de la bourgeoisie française et de la bourgeoisie de l’Europe tout entière, comme des sauveurs de la civilisation et de la patrie.

Voilà dans toute sa vérité et son intégrité le plan des orléanistes. Donc nous pouvons les considérer maintenant, pour aujourd’hui seulement, comme des républicains sincères. Ils ne barrent pas le passage à Gambetta, ils le pousseront au contraire au pouvoir. Et je ne serai nullement émerveillé si nous apprenons demain, ou après-demain, que Gambetta et compagnie (les Picard, les Favre, les Jules Simon, les Pelletan, les Grévy, les Kératry, et tant d’autres) auront fait de concert avec Thiers et Trochu un coup d’État républicain, — à moins que Palikao, Chevreau, Duvernois et Jérôme David n’aient déjà pris des mesures si énergiques et si efficaces qu’un tel changement de scène serait devenu impossible. Mais je doute qu’ils puissent l’empêcher, si Gambetta s’entend avec Thiers et Trochu.

Nous arrivons donc au parti républicain radical jacobin, au parti de Gambetta. Supposons qu’il s’empare du