Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/268

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pour la restauration de la monarchie des Orléans[1].

Maintenant, retournant à la question, je me demande avec vous si ces républicains unis aux Orléanistes et soutenus par eux dans tout le pays, comme ils le seront certainement, si Gambetta, de concert avec Thiers et Trochu, réussit à faire, non une révolution, mais un coup d’État contre les Bonapartistes à Paris — si cette coalition des Républicains et des Orléanistes sera assez puissante pour sauver la France, en ce terrible moment ?

Il suffit de poser cette question, pour qu’elle soit résolue aussitôt dans un sens négatif. Ayant contre eux, d’un côté toute la masse ouvrière des villes, qu’il faudra contenir, et de l’autre, la masse des paysans bonapartistes, qu’il faudra également contenir, ils auront pour eux, comme instruments de défense et d’action, une armée à demi détruite, et au moins deux fois inférieure en nombre à l’armée magnifiquement organisée et magnifiquement dirigée des Prussiens ; et encore ne seront-ils pas bien sûrs du dévouement et de l’obéissance des deux chefs de cette armée, de Bazaine et de Mac-Mahon, tous les deux créatures de Napoléon III. Ils auront en outre une administration dont l’incapacité et la mauvaise volonté est prouvée, une administration qui aujourd’hui même, sous la direction des Chevreau, des Duvernois et David, fait une propagande passionnée en faveur de l’empereur, contre eux, les représentant partout comme des traîtres qui ont vendu aux Prussiens et le pays et l’empereur, et soulevant contre le patriotisme des villes la jacquerie des paysans ; une administration qui, lors même qu’un coup de main heureux aura changé

  1. La suite, jusqu’à la page 84 du manuscrit Bakounine (moins un morceau de la p. 27 : voir plus loin page 202, note 2), n’a pas été utilisée. — J. G.