Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/269

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le gouvernement à Paris, ne pourra être, comme je viens de le prouver, je pense, ni réformée, ni même remplacée quant à l’immense majorité de son personnel ; qui subira sans doute le joug détesté des vainqueurs radicaux, mais qui n’en restera pas moins Bonapartiste dans le fond de son cœur. Enfin ils auront pour eux les sympathies et au besoin l’aide des républicains et des orléanistes clairsemés dans la France, mais ne formant pas d’organisation quelconque et |23 tout à fait incapables d’action énergique.

Je vous demande si avec de pareils instruments les hommes les plus intelligents et les plus énergiques pourront sauver la France du terrible danger qui ne la menace plus seulement, mais qui en grande partie est devenu déjà une catastrophe réelle ?

Il est évident que la France officielle, l’État, monarchique ou même républicain, ne peut plus rien, toute la puissance officielle étant devenue impuissance. Il est évident que si la France peut être sauvée encore, ce ne peut être que par la France naturelle, par toute la nation prise en dehors de toute organisation officielle, monarchique ou républicaine, par le soulèvement spontané des masses populaires[1], ouvriers et paysans à la fois, qui prendront les armes qu’on ne veut pas leur donner  [2]

  1. Quelques expressions empruntées à cette phrase ont été placées dans le dernier alinéa de la brochure (p. 134 de cette réimpression). — J. G.
  2. Le ministère a enfin avoué qu’il ne veut pas donner des armes au peuple dans la remarquable séance du 25 août, à propos de la proposition non d’abolir, mais seulement de suspendre les lois qui défendent la vente et la fabrication des armes et des munitions de guerre, et qui frappent d’amende le port d’armes sans autorisation du gouvernement. Après une vive discussion, cette proposition, repoussée par la commission, naturellement élue par la majorité bonapartiste du Corps