Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/279

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hommes riches de Paris commencent à envoyer leurs trésors soit en Belgique, soit en Angleterre. Ils craignent d’un côté une résistance désespérée de la part de la population parisienne, et de l’autre la résolution de Trochu qui dans la défense de Paris, semble disposé de recourir au besoin aux barricades de Juin et de faire sauter des quartiers entiers de Paris. Rouher a rapporté hier de Reims, où il a visité l’empereur malade, un plan désespéré de défense et d’action contre ce qu’ils appellent les Prussiens de l’intérieur (les orléanistes et les républicains). Palikao l’a adopté. Favre, Gambetta et Thiers ont attaqué vivement l’Empire dans le comité secret (du 24 ou du 25). « L’heure est si terrible, » ont-ils dit, « que le pays ne peut plus être sauvé que par le pouvoir réuni de la Chambre, de Palikao et de Trochu ! » (J’aime beaucoup cette mixture !) Les Bonapartistes sont disposés à se défendre à outrance. Les |34 membres de la gauche se croient sérieusement menacés. Dans d’autres cercles aussi on s’attend à un coup d’État bonapartiste ; on organise, dit-on, une défense du pays exclusivement décembriste. On commencera par arrêter Trochu et les députés de la gauche, qu’on dénoncera à la majorité de la Chambre et au pays comme des traîtres. Palikao a entre les mains les adresses de tous les habitants considérés comme dangereux. On a arrêté déjà des centaines de républicains et de socialistes, des journalistes aussi. »

« Paris, 26 août. — Le Journal des Débats lui-même pressent une conspiration bonapartiste et le coup d’État. Il proteste contre ce fait que tous les ultra-décembristes (Rouher, Schneider, Baroche, Persigny) viennent tous les jours prendre part aux Conseils des ministres, et déclare que ce cabinet exclusivement bonapartiste n’in-